AC2019-FR-0071_Vertimus

Composer les savoirs, projets sélectionnés en 2019

Art citoyen
2 octobre 2019

Lancé pour la première fois en 2015, l’appel à projets « Composer les savoirs pour mieux comprendre les enjeux du monde contemporain » vise à soutenir les productions de connaissances transdisciplinaires et collaboratives. La Fondation Daniel et Nina Carasso est convaincue que pour relever les défis de notre société actuelle, il est nécessaire de créer des espaces d’hybridation des savoirs entre les sciences et les humanités, les arts et la société.

Pour cette 4e édition en 2019, la Fondation a reçu 163 projets candidats. 11 de ces projets ont été retenus, au terme du Jury qui s’est réuni le 4 juillet 2019.

Nous sommes désormais ravis de vous communiquer les membres du jury Composer les savoirs, ainsi que les projets sélectionnés.

Membres du jury Composer les savoirs 2019 

  • Gérard Azoulay : Fondateur de l’Observatoire de l’Espace, laboratoire arts-sciences du CNES, responsable de la rédaction de la revue artistique Espace(s) et commissaire d’expositions.
  • Laurent Barré : Responsable du pôle recherche du Centre national de la danse.
  • Jean-Marc Chomaz : Directeur de recherche au CNRS, Professeur à l’École polytechnique. Responsable de la Chaire « Arts & Sciences » pour l’Ecole polytechnique.
  • Stavros Katsanevas : Astrophysicien, directeur de l’European Gravitational Observatory (Pise).
  • Marie-Stéphane Maradeix : Déléguée Générale de la Fondation Daniel et Nina Carasso.
  • Catherine Rannou : Artiste et architecte.
  • María Inés Rodriguez : Commissaire d’expositions.
  • Julie Sauret : Chargée de communication, production et médiation de la Chaire « Arts & Sciences »

 

Projets retenus :

  • Artconnexion – La Couleur de l’Eau: Le projet s’inscrit dans la continuité du programme Les travailleurs de la mer, associant scientifiques et artistes à la Station Marine de Wimereux. Hubert Loisel (chercheur) et Nicolas Floc’h (artiste) ont amorcé un travail autour de la couleur de l’eau pour comprendre et caractériser, à grande échelle, les variations biologiques du milieu. La couleur de l’eau est déterminée en grande partie par les phytoplanctons, premier maillon de la chaine alimentaire à la base du vivant, par les sédiments, les matières organiques et inorganiques dissoutes ainsi que les matières détritiques. Dans l’art, la couleur est, avec les formes, ce qui a permis au fil du temps de représenter de manière sensible et fine le monde. C’est un des sujets essentiels de l’étude des pratiques artistiques et picturales. La couleur est signifiante, a un haut pouvoir de représentation, d’abstraction et joue un rôle majeur dans les arts et dans la société. Le projet propose donc de partir de cette double entrée et de ce dialogue qui s’opère entre un chercheur et un artiste travaillant sur la couleur de l’océan. Scientifiquement, le projet mettra en parallèle des mesures radiométriques avec des photos, en lumière naturelle et polarisée tout au long de la colonne d’eau, et cela en différentes régions du monde. Artistiquement, ce sera une représentation inédite de l’océan et du vivant qui le compose. D’un point de vue citoyen, il donnera une meilleure compréhension de la relation que chaque humain entretient avec l’océan, l’eau, le vivant, ses origines et les mutations environnementales.
  • Association Emmetrop – UrsuLaB : UrsuLaB, est un projet de laboratoire artistique dédié aux biomédias, situé sur la friche culturelle l’Antre Peaux à Bourges. Il associe deux associations, Emmetrop et Bandits-Mages, et l’Ecole Nationale Supérieure d’Arts de Bourges. Au niveau régional, une collaboration avec l’entreprise de biotech GENIALIS a été initiée avec un programme de résidences. Au niveau national, une convention est prévue avec le laboratoire LaDHyX – Ecole Polytechnique. Il est inséré dans trois réseaux européens : European Media Arts Platform, Bio-Frictionpiloté par Hangar (ES) etUngreen par RIXC (LV). Le projet répond à l’urgence de mettre en place au plus près des territoires de nouveaux outils de recherche et de partage des savoirs grâce à une alliance renouvelée arts et sciences. Son ambition est de devenir un espace prospectif de création transdisciplinaire, produisant des mondes en gestation. UrsuLaB sera un laboratoire arts-sciences-fictions et environnement dont l’architecture, le fonctionnement, la médiation co-participative et les outils seront développés afin de permettre son ouverture à tout public. Ce laboratoire prévoit des résidences de recherche et de création, dont certaines seont en entreprise, des débats, des ateliers, des workshops sur la narration spéculative, des présentations publiques.
  • Association Manifesta 13 Marseille – Archives Invisibles: Manifesta est une biennale nomade européenne pluridisciplinaire. En 2020, Manifesta 13 Traits d’Union-s se tiendra pour la première fois en France, à Marseille. Elle a pour objectif d’initier de nouveaux liens entre les institutions culturelles, les associations et les citoyens de Marseille. Archives Invisibles est un projet artistique citoyen pluridisciplinaire de valorisation et de transmission d’un patrimoine commun, méconnu du grand public et non-représenté par les institutions. Ce programme public de présentation d’archives et de rencontres régulières (visites commentées, ateliers, forums, projections) vise à éclairer d’un jour inédit l’histoire du territoire. A travers 8 acteurs/associations engagés sur le terrain dans différents quartiers populaires de la ville, « Archives invisibles » met en lumière une société civile qui agit pour faire de Marseille une ville vivante capable d’imaginer d’autres modèles d’organisations sociales, de récits communs, d’initiatives citoyennes. Sous forme d’une série de 7 expositions accompagnées de projections, de rencontres, de conférences et de publications, le projet réunit artistes, chercheurs et autres personnalités de la société civile autour de ces porteurs d’archives pour éclairer et partager une histoire passionnante et méconnue de Marseille, centrée sur différents mouvements de résistance citoyens.
  • Association PiNG – Laboratoire Commun: PiNG, association nantaise née en 2004, questionne le monde numérique dans lequel nous vivons. Inspirée par les laboratoires sociaux, la science participative & forte de 15 années l’exploration, PiNG souhaite franchir une nouvelle étape dans la façon d’explorer ses sujets : développer un « laboratoire commun » qui permettra d’associer à implication égale citoyens/chercheurs/artistes dans ses explorations et à relier le faire, le penser, le sentir dans une démarche collective de recherche-création. Dans un premier temps, le laboratoire commun sera prototypé en s’inspirant d’expériences existantes, en questionnant son fond et sa forme via un groupe de travail et en testant des formats d’animation. Puis, PiNG déploiera le labo commun tel qu’imaginé dans son nouveau lieu. Elle s’appuiera sur ce travail pour faire labo commun hors les murs lors du festival Tous Terriens, au Grand T. Ce projet sera documenté et partagé au fil de l’eau.
  • Collectif Etrange Miroir – Cinéma Atlas: CINÉMA ATLAS réunit chercheurs et artistes autour de la création d’un spectacle invitant la cartographie au cœur de l’espace public. Le collectif a été sollicité en 2015 par le réseau Migreurop – Réseau international d’ONG, de militants et de chercheurs travaillant sur la détention des migrants, l’externalisation des politiques d’immigration de l’UE et les frontières – pour mettre en scène des cartes publiées dans leur Atlas paru chez Armand Colin. Véritable expérimentation scientifique et artistique, cette collaboration a donné naissance à l’exposition interactive Moving Beyong Borders, programmée à 13 reprises et qui a touché environ 15000 personnes. CINÉMA ATLAS vient pérenniser cette expérience de croisement entre science, art et société autour de la cartographie, en prolongeant la collaboration avec le géographe Olivier Clochard, directeur du laboratoire CNRS/Migrinter et membre du réseau Migreurop. Mais ce nouveau projet s’ouvre à d’autres disciplines scientifiques et vise une restitution plus ambitieuse. Cette collaboration doit permettre de produire des cartes vivantes (graphiques, animées et sonores) qui seront diffusées sur les murs des villes, dans l’espace public. Un dispositif voué à devenir un outil innovant proposé aux acteurs d’un territoire (villes, associations, festivals) pour interpeller ses habitants.
  • Ecole Supérieure d’Art Annecy Alpes – Les Ambassadrices: Avec « Les Ambassadrices », l’ESAAA et son partenaire le Centre de la Photographie Genève (CPG) souhaitent produire et diffuser des œuvres inventées depuis un ambitieux travail sur « l’effondrement des Alpes » (EdA). En effet, les Alpes s’effondrent, littéralement, puisque les falaises d’altitude s’écroulent à un rythme de plus en plus rapide, à mesure que fond la glace qui les solidifiait. Mais plus largement, ce territoire étant un « point chaud » du changement climatique, sa brutale modification pointe tous les bouleversements liés à la fin de notre époque thermo-industrielle et carbonée. Alors, au sein du collectif EdA, des habitants, des scientifiques et des artistes, agencent leurs compétences pour contribuer à l’émergence de nouveaux imaginaires, de nouvelles méthodes, formes et idées. Les Ambassadrices sont des œuvres qui portent la parole et représentent une activité de recherche. Il s’agit d’emmener et partager loin des montagnes le récit d’une modification accélérée sous l’impact du réchauffement climatique. Par extension, le projet « Les Ambassadrices » désigne le dispositif de production et de diffusion de ces œuvres itinérantes. Il utilise les ressources techniques, méthodologiques, artistiques et scientifiques que l’ESAAA et le CPG ont rassemblé pour travailler sur « l’effondrement des Alpes » en termes de production et de diffusion. L’ensemble du dispositif permet aux Ambassadrices d’être présentes dans plusieurs manifestations internationales, en même temps qu’elles sont radicalement ancrées sur leur territoire.
  • Fondation Université de Strasbourg – Supplementary Elements: Les « Supplementary Elements » sont les photos et images qui sont mises en annexe des rapports scientifiques. Le projet souhaite mettre en évidence le rôle central de la recherche scientifique et son impact sur la société par le biais de nouveaux outils de perception (microscopie, caméra ultra-rapide, Lidar, holographie, photonique, capteurs numériques…). L’objectif de ce projet est de faire comprendre la relation entre science et photographie, entre sciences physiques et production d’images. Croisant production scientifique et artistique, Supplementary Elements envisage exploration scientifique et artistique comme deux parties d’un tout. Expérimentations communes entre artistes et chercheurs, créations « open science », œuvres participatives interrogeant les points de vue citoyens, workshops et enseignements, programme de transmission des savoirs… tous les temps de rencontres du projet permettront l’expression de différentes voix/voies. Dans ce projet, il s’agira de questionner la nature, le message des images et leur pérennité, à rebours d’une reconduction simple de la technique.
  • Institut des Hautes Etudes de la Justice – Lier des Mondes par les Pratiques (Art et Justice Internationale) : L’IHEJ mène une réflexion sur la justice auprès de professionnels et de chercheurs. Le projet vise à introduire, au sein de la Cour Pénale Internationale (CPI) de La Haye, des pratiques de collecte et de traitement des faits issues des sciences sociales, de l’art, de la poésie et du graphisme, afin d’aider les juges à une meilleure compréhension de matériaux sur lesquels ils n’ont aucune information contextuelle (selon la tradition juridique de common law qui invite les juges à être « vierges » de tout savoir contextuel pour conserver leur objectivité). Pour cela, des dispositifs visuels et textuels sont installés au sein de la CPI, mais circulent aussi auprès des communautés affectées sous forme de kits, et auprès des chercheurs, sous une forme digitale. Connecter ces différentes communautés, toutes concernées par les crimes jugés à la CPI, mais isolées les unes des autres, permettrait une meilleure circulation des savoirs, et ferait de la CPI une instance productrice de savoirs et de culture.
  • Le Laboratoire – Paysage-Animal: Nous sommes témoins de l’effondrement des populations animales, des grands mammifères jusqu’aux insectes. Cette actualité des écosystèmes est abordée socialement par un certain nombre de biais – l’indifférence, la mise en doute de la réalité du processus, l’approche utilitariste des services écosystémiques, la perception anthropocentrée de l’environnement, l’affabulation de la vie sauvage, de nouveaux dogmes alimentaires, … qu’il semble important de déconstruire et de recomposer. Les animaux participent à la stabilité des sociétés humaines par leurs travaux, par leur affection, par leurs perceptions irréductibles aux nôtres. Accueillir les animalités dans nos vies est nécessaire à l’humanisation de l’humanité. L’objectif, devant l’urgence de la disparition de la biodiversité animale (et donc végétale, l’un et l’autre n’étant pas dissociables), est de documenter et expérimenter de nouvelles relations spatio-temporelles avec les animaux qui ne se plient pas uniquement aux intérêts et projets humains. Il s’agit d’expérimenter de nouvelles façons de cohabiter avec les animaux qui soient confortables, pour eux comme pour les humains, afin de prendre la mesure du rôle joué par les animaux dans notre écosystème général (humain et végétal). Pour mener cette réflexion, un cycle de rencontres, des résidences d’artistes, des performances artistiques et des expositions d’œuvres produites seront organisés pendant un an et demi.
  • Le Studio Décalé – Vertimus: Porté par le Studio Décalé, association indépendante spécialisée en arts et science, le projet est imaginé par la plasticienne Karine Bonneval, en partenariat avec chercheurs (français et étrangers) spécialistes du végétal. Ce projet fait appel à de multiples savoirs et savoir-faire : des connaissances scientifiques avec l’implication de l’INRA ; des techniques artistiques avec la plasticienne Karine Bonneval, la performeuse Emilie Pouzet, le compositeur Emmanuel Hubaut, la curatrice Natacha Seignolles ; des théories philosophiques apportées par la philosophe de l’éthique Karen Houle. Le projet a pour volonté de donner de nouvelles clés de lecture du vivant aux citoyens pour développer une empathie avec le monde végétal qui nous entoure et ainsi appréhender notre environnement avec un nouveau regard. Les installations artistiques seront accompagnées d’ateliers pour tous les publics dans lesquels seront expérimentées les pratiques corporelles mais aussi des ateliers de découverte et de pratique artistique inspirées des protocoles scientifiques. Ces actions interrogent les relations paradoxales entre l’humain et le monde végétal.
  • Régie de l’Equipement Musiques Actuelles La Carène – SONARS: L’univers sous-marin n’est définitivement pas un monde du silence… et ce qu’on y entend a beaucoup à raconter. Pour la science d’abord, des frottements d’antennes servant à la communication entre crustacés, aux moteurs des bateaux portant sur plusieurs kilomètres, sans oublier les crissements d’iceberg ou ce bruit de l’eau qui coule – témoignage d’une fonte régulière – la recherche se penche sur cette composante des écosystèmes marins parfois oubliée en écologie marine. Ces paysages sonores sous-marins interpellent aussi les artistes. La Carène, salle des musiques actuelles de Brest métropole, a démarré en 2018 une résidence au long cours entre artistes et chercheurs (en laboratoire, sur le terrain, en milieu scolaire, dans les lieux de musiques actuelles…), en partenariat étroit avec le laboratoire franco-québécois BeBEST. Aux côtés de nombreux partenaires, cette structure a fait appel aux talents de trois artistes musiciens – Maxime Dangles, François Joncour (Poing) et Vincent Malassis. Ils s’approprient ces sons et s’immergent dans des environnements sonores souvent inédits, qu’ils retranscrivent dans leurs créations audiovisuelles. Cette approche est alors innovante, le travail entre artistes et chercheurs se faisant sur la durée. Au cœur du projet, une actualité écologique urgente qui doit être rendue accessible à tous, par une médiation innovante et des actions menées auprès de diverses populations (résidences en milieu scolaire, actions de médiations en quartiers, concerts, performances, conférences…).
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