EMPREINTE5

9 nouveaux projets pour la diffusion massive de l’agroécologie

Alimentation Durable
25 février 2022

Convaincus que nous devons faire évoluer nos systèmes agricoles, nous soutenons et accompagnons des projets d’échange et de partage autour de l’agroécologie, en alliance avec 4 réseaux (Fadear, Cuma, Civam et Trame). Pour la 2ème année de cet appel commun, 9 projets portés par des collectifs d’agriculteurs, de productions et de tailles diverses, ont été sélectionnés en France métropolitaine et en Guyane. Une première rencontre organisée en janvier 2022, a permis d’engager le travail de capitalisation en collectif qui identifiera les leviers de diffusion massive de l’agroécologie.

Renforcer et accélérer notre soutien à la transition agricole et alimentaire

Si l’agriculture française a historiquement été sollicitée par les pouvoirs publics et la société pour assurer l’autonomie alimentaire, des signaux d’alarme de plus en plus clairs et visibles ont amené les acteurs à prendre conscience des limites du modèle agricole basé sur des pratiques standardisées et sur l’utilisation intensive de ressources. Ce fonctionnement a un impact significatif sur le dérèglement climatique, dont « les agriculteurs sont aussi les premières victimes », comme le rappelle Guilhem Soutou, Responsable de l’axe Alimentation Durable.

Afin d’encourager les changements, nous avons réunis 4 réseaux (Fadear, Cuma, Civam et Trame) autour d’une vision commune de l’agroécologie pouvant transformer toutes les formes actuelles de l’agriculture et inspirer de nouveaux acteurs. Cette alliance se traduit par 3 appels à projets annuels (2020-2021-2022) visant à soutenir les échanges d’expérience entre des collectifs d’agriculteurs d’horizons variés, n’ayant pas l’habitude d’échanger entre eux et souhaitant s’enrichir de leurs pratiques respectives. « Ces appels à projets sont d’autant plus pertinents que la crise et les défis climatiques nous incitent à renforcer et accélérer nos programmes de soutien à la transition agroécologique » souligne Guilhem Soutou, et d’ajouter : « Nous répondons présents par un soutien financier mais aussi par un accompagnement structurel et technique, à l’évaluation de l’impact, à la valorisation. »

Soutou
«
L’intérêt manifeste des agriculteurs pour cet appel à projets montre qu’une très large communauté souhaite opérer une transition agroécologique. Venus d’horizons très variés, ils démontrent que les freins idéologiques ne sont pas aussi prégnants qu‘on l’imagine.
»
Guilhem Soutou, Responsable de l’axe Alimentation Durable de la Fondation

9 projets soutenus lors de la 2ème édition

Pour cette 2ème année, 9 projets portés par des collectifs d’agriculteurs, de productions et de tailles diverses, ont été sélectionnés par un jury composé d’agriculteurs, de chercheurs, d’ingénieurs, de sociologues et d’experts issus de collectivités locales et de fondations. Initiés par les collectifs eux-mêmes, ces projets créent un environnement dynamique et durable de diffusion des savoirs empiriques, des techniques et pratiques agroécologiques à travers des ateliers de travail, des visites de fermes, des voyages d’étude et des méthodes originales d’animation et de médiation.

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Partage d’expérience entre 16 collectifs d’agriculteurs de l’Oise (CERNODO / Oise)

Le Comité pour l’Expansion Rurale du Nord-Ouest du Département de l’Oise, en partenariat avec la Chambre d’agriculture, accompagne, suit et organise le partage d’expérience de 16 collectifs d’agriculteurs dans l’adoption de nouvelles pratiques agroécologiques en élevage laitier ou viande, en grandes culture et en agriculture bio. L’ensemble de la démarche sera diffusé au-delà du cercle des membres du CERNODO, sur une plateforme partagée avec les collectivités et société civile.

L’enjeu de la mécanisation en maraîchage (FR Cuma Occitanie)

Une soixantaine de maraîchers répartie dans 3 collectifs des Hautes-Pyrénées, du Gers et des Pyrénées-Atlantiques ont sollicité la FR Cuma Occitanie et 3 Chambres d’Agriculture pour organiser des journées d’échange et des visites terrain autour de l’enjeu de la mécanisation. Ces échanges seront capitalisés puis diffusés sous forme de vidéos.

La reproduction de semences légumières (ARDEAR Grand Est)

Trois collectifs agricoles alsaciens coopèrent dans le domaine de la reproduction de semences légumières afin d’améliorer leurs pratiques et créer une dynamique territoriale. Ils se forment et s’équipent pour gagner en indépendance technique et juridique, mettent en place et suivent des expérimentations terrain visant à obtenir des semences de qualités adaptées au territoire, valorisent les échanges et vont réfléchir à l’opportunité d’une filière semencière.

La préservation des sols (SAMU de l’environnement / Alsace)

Le Service d’Analyse Mobile en Urgence (SAMU) de l’environnement accompagne des céréaliculteurs, viticulteurs et maraîchers alsaciens qui souhaitent s’autonomiser dans l’analyse, la compréhension et la préservation de leurs sols. Il s’appuie sur l’expérience de la coopérative Rhizobiome pour proposer des journées de formation et d’échanges entre agriculteurs, allant jusqu’ à l’auto construction de kits d’analyse de sols low cost.

L’agroforesterie en viticulture (Agrof’île) 

Agrof’île, Vins vivants d’Alsace, Dephy Vigne, Civam Hérault, le GEST de Bourgogne et Provence Agroécologie Citoyenneté créent un tissu d’échanges entre des vignerons de 4 grandes régions souhaitant évoluer vers des systèmes agroforestiers. Ces systèmes bénéficient d’un large héritage de pratiques traditionnelles (vigne mariée, hautains, joualle) à contextualiser et à partager. Ils seront appuyés par le réseau d’agriculteurs italiens « Rete Contadina » qui apportera un éclairage sur des pratiques traditionnelles perpétrées à titre conservatoire en Vénétie.

Les semences paysannes dans différents systèmes agricoles céréaliers (Triticum )

Les semences paysannes sont un élément important de la transition des systèmes agricoles. Elles permettent l’adaptation à la diminution des intrants, à une diversité de contextes locaux, au changement climatique ; jouent sur la qualité nutritionnelle ou le stockage de carbone. La maison des semences paysannes Triticum rassemble plusieurs réseaux autour de journées d’échange sur de l’usage de ces semences dans différents systèmes agricoles céréaliers : conservation des sols, agriculture bio, agroforesterie, polyculture-élevage etc.

Production et autonomie alimentaire des bovins (FRGEDA Bretagne)

Les éleveurs bretons constatent l’impact du changement climatique. Décalage des calendriers agricoles, stress hydriques estivaux et variations de rendements les bousculent chaque année. Quatre collectifs rassemblant plus de 100 éleveurs en polyculture-élevage de la Manche, d’Ille-et-Vilaine, des Côtes d’Armor et du Morbihan, issus aussi bien de filières longues que courtes, en conventionnel ou en bio, se rencontrent régulièrement pour échanger sur la production et l’autonomie alimentaire (notamment protéïque) des bovins.

Savoirs traditionnels et innovations agroécologiques (Nature Rights Guyane)

Le projet « Les savoirs de la Forêt » porté par Nature rights Guyane, rassemble des collectifs agricoles traditionnels représentant les communautés guyanaises amérindiennes, « noirs marrons », créoles, asiatiques. Ce réseau hybride des savoirs traditionnels et des innovations agroécologiques, puis les valorisent et les transmet aux jeunes générations en organisant des formations, des échanges entre agriculteurs et des visites à la ferme.

Redonner vie à l’élevage pastoral (Civam Empreinte, Causses et Cévennes)

L’élevage pastoral, inscrit dans l’écologie et l’histoire des Causses et des Cévennes, se perd. Cependant, plus de 30 bergers et bergères issus de 3 collectifs disparates renouent avec le pastoralisme et souhaitent échanger, capitaliser et redonner vie à ces savoirs et savoir-faire. Le CIVAM Empreinte accompagne ces groupes et diffuse les connaissances vers des éleveurs (via l’Institut de l’élevage), des jeunes en apprentissage ou en cours d’installation.

Accompagner les dynamiques de changement

Au-delà des missions d’accompagnement et de conseil aux porteurs de projets, nous proposons de nombreuses opportunités de rencontres, d’échanges et de valorisation, que ce soit au travers de séminaires, de travaux de capitalisation collectifs, de publications ou de grands évènements comme les Rencontres de l’Alimentation.

Ainsi les 6 et 7 janvier derniers, nous avons réuni les 17 lauréats des éditions 2020 et 2021 afin de réfléchir ensemble et d’améliorer la diffusion des pratiques agroécologiques.  Encadrée par l’équipe DEFIS – GERDAL*, cette 1ère session a inauguré un cycle de travail au long cours qui se poursuivra par des visites, des entretiens, le recueil d’informations à distance et des recherches bibliographiques.

 « Notre travail, mené collectivement avec l’ensemble des porteurs de projets s’attachera à répondre à une question complexe : qu’est-ce qui fait que des agriculteurs aujourd’hui souhaitent ou non, peuvent ou non, s’engager dans l’agroécologie ? » a expliqué aux participants Claire Ruault, Sociologue, chargée de recherche- formation, coordinatrice du GERDAL, chercheure associée UMR Innovation. « Il s’agit d’une part d’étudier la place qu’occupent les propositions portées par les collectifs d’agriculteurs qui mettent en œuvre des pratiques agroécologiques dans les dynamiques agricoles et socio-professionnelles locales. Et d’autre part, d’apporter des éléments de réponse aux questions pratiques que ceux qui les accompagnent se posent, par exemple : comment mobiliser davantage les agriculteurs, dynamiser les groupes, les faire perdurer ? Comment capitaliser et produire des références techniques en agroécologie utiles, pertinentes, accessibles, à jour, éprouvées ? Comment faire bon usage de ce qui s’échange dans les temps informels, évaluer l’impact de nos activités sur les changements de pratiques ? »

Autant de pistes pour accélérer la transition agroécologique qui seront partagées, valorisées et mises en débat lors d’un séminaire prévu début 2023.

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«
On pense que quand ce ne sont pas des agriculteurs qui donnent des pistes, ça n’a pas d’effets. Les chiffes des experts, les travaux du GIEC, n’ont pas d’effets. Il faut des exemples d’agriculteurs qui tentent des choses…
»
Verbatim issu des premiers entretiens menés par le Gerdal-Défis auprès des lauréats dans le cadre du programme de capitalisation.

Save the date

L’appel à projets 2022 « Pour une transition agroécologique par l’échange et le partage »

sera ouvert en mars prochain.

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*Composé de sociologues du travail et du développement rural et local, le GERDAL, Groupe d’Expérimentation et de Recherche : Développement et Actions Localisées, mène des travaux de recherche et d’appui méthodologique sur les processus de changement en agriculture, dans une perspective de renforcer les capacités d’initiative et d’innovation face aux enjeux de transition agricole et alimentaire.

Copyright photo : avec l’aimable autorisation de Civam Empreinte

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