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L’eau au coeur des 10 projets lauréats de « Composer les savoirs pour imaginer un avenir durable » 2025

Art citoyen
15 septembre 2025

Comment aborder la problématique de l’eau, donner à voir, à comprendre, à transmettre la multiplicité de ses voies et de ses enjeux de préservation dans les territoires ? De la Guyane en passant par la Nouvelle Aquitaine ou encore les Alpes Maritimes, c’est cet engagement citoyen essentiel, que mèneront les artistes et scientifiques des 10 projets sélectionnés pour cette 7ème édition de notre appel à projets « Composer les savoirs pour imaginer un avenir durable». Des projets retenus par la Fondation pour leur singularité et leur impact parmi plus de 300 candidatures. Dans un contexte où la gouvernance de l’eau est cruciale, leurs actions vont concourir à (re)composer les savoirs pour sensibiliser, mobiliser, poétiser et avancer vers une transition écologique juste et durable.

Irriguer la composition des savoirs

L’eau est un élément vital et omniprésent qui nous lie et fonde notre humanité. Elle est aussi devenue l’un des défis majeurs pour nos écosystèmes. Les effets du changement climatique, la surexploitation et la pollution la mettent en péril, exacerbant les tensions autour de sa gestion. En lançant cet appel, nous avons souhaité encourager la sensibilisation et l’implication de la société civile, en soutenant des projets artistiques qui prennent en considération cette problématique.

C’est qu’au cœur de cette nouvelle promotion de lauréats se dessine le moteur même de l’appel « Composer les savoirs » : susciter des coopérations et des synergies entre arts, science et société.

Découvrez les témoignages de 3 lauréats

Créer des coopérations inédites avec des protocoles et des modes de productions écoconçus

« Ces projets impliquent des collaborations inédites entre chercheurs et artistes, dont l’expérience et la justesse poétique permettent à la fois de sensibiliser et de mobiliser des collectifs de citoyens à l’échelle d’un territoire, tout en proposant des modèles d’action à une plus large échelle. Aussi, tous les projets se distinguent par leur engagement pour une transition écologique juste et durable, via notamment des protocoles et des modes de production écoconçus, critère central de l’appel et priorité de la Fondation dans le cadre de sa nouvelle stratégie » explique Thibault Gerbail, Responsable de programmes Art citoyen France.

Une stratégie qui entre en résonance avec les actions des politiques publiques ainsi que d’autres dispositifs soutenus par la Fondation : “L’appel à projets rencontre une dimension importante des politiques publiques en faveur de l’écologie mises en œuvre par le ministère de la Culture, à savoir la coopération qui apparaît comme une condition essentielle pour dépasser les écogestes et permettre des changements profonds et systémiques. Il s’inscrit ainsi à la fois en pleine cohérence et en complément du dispositif des «Résidences vertes » déployé par la direction générale de la création artistique et soutenu par la Fondation Daniel et Nina Carasso” expose Frédérique Sarre , Responsable de la Mission Transformation écologique de la création DGCA – Ministère de la Culture et membre du jury.

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«
Dans des contextes géographiques différents, les lauréats proposent des alliances inédites entre scientifiques, artistes et habitants pour répondre de manière innovante aux besoins de communautés locales : dépollution des sols, dialogue entre agricultures industrielle et biologique, préservation des écosystèmes, réaménagement urbain, etc.
»
Thibault Gerbail
Responsable de programmes Art citoyen

Alimenter la transition écologique par de nouveaux imaginaires

À travers l’émotion et l’imaginaire, l’art permet d’éclairer les conséquences du dérèglement climatique et de l’activité humaine sur les ressources hydriques. C’est ce que souligne David Redon, membre du jury et Conseiller action culturelle et territoriale DRAC Nouvelle-Aquitaine : “Ces initiatives peuvent ainsi inspirer de nouveaux modèles de coopération, contribuer à transformer les pratiques institutionnelles et nourrir une réflexion collective sur les grandes transitions sociales, culturelles et écologiques. Pour le dire avec les mots du philosophe et poète Edouard Glissant, les propositions des lauréats réouvrent l’horizon et donnent déjà à voir un monde imaginé où l’expérience promise par ces « compositions de savoirs », en se confrontant aux discontinuités, aux inachèvements, à l’impossible même d’une expérience totalisante, laissent entrapercevoir le schème de la multiplicité des « tout-mondes à venir ». »

L’eau est également une ressource essentielle pour l’agriculture, qui utilise environ 70% de la consommation mondiale d’eau douce. La qualité et la disponibilité de l’eau sont indispensables à la sécurité alimentaire, cet autre pilier du travail de la Fondation depuis 15 ans à travers l’axe Alimentation durable.

Avec cet appel à projets Art citoyen, la Fondation compose donc elle aussi ses propres savoirs entre art et durabilité.

Les résultats de l’appel en quelques chiffres

  • Plus de 300 candidatures
  • 9 départements représentés parmi les projets sélectionnés
  • 10 projets lauréats
  • Des centaines d’artistes, scientifiques/chercheurs mobilisés par les projets pour une approche coopérative
  • Une diversité de pratiques artistiques : conte, photographie, dessin, vidéo, danse…
  • Autant de formes de l’eau abordées : pénurie, crue, cours d’eau, l’eau et sa faune…
  • Des temporalités variées : réagir face à une urgence climatique, faire renaître des savoirs ancestraux, restaurer des environnements vulnérables…
  • Une multiplicité de publics sensibilisés : grand public, décideurs, scolaires, habitants…

Un processus de sélection équitable et exigeant

Un jury composé d’experts du monde de l’art et de la recherche s’est réuni en juillet 2025 pour délibérer sur les projets présentés et sélectionner les lauréats. Parmi eux, Julia Passot, Conceptrice artistique et ancienne lauréate de Composer les savoirs 2023 avec l’association La Turbine témoigne « J’ai été curieuse de vivre cet appel à projet en adoptant une autre perspective. Je me suis sentie très au fait des besoins des porteurs et porteuses de projet, de leurs besoins et de leurs réalités. Cela m’a donné la sensation de pouvoir faire des choix plus en conscience aussi des enjeux spécifiques de la Fondation : pertinence des projets par rapport à la thématique de l’eau, mais aussi complémentarité en termes de territoire, de structures et de d’outils mobilisés. »

Les différents membres du jury et de la Fondation ont salué la qualité des démarches participatives proposées avec comme le souligne David Redon « nombre de porteurs ont intégré, dès la conception de leur projet, une réflexion approfondie sur la place des bénéficiaires et partenaires dans la co-construction. On perçoit un mouvement de fond vers une science et une culture plus collaboratives, ouvertes, et attentives aux enjeux sociaux et environnementaux. »

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«
J’ai été frappé par la qualité et la diversité des projets reçus, tant du point de vue des disciplines mobilisées (dans un principe 'd'anti-disciplinarité"), des problématiques terrestres et écosociétales traitées que des acteurs impliqués : chercheurs, associations, collectifs citoyens, structures culturelles labellisées, ou encore institutions scientifiques. Cette pluralité témoigne d’une conscience aiguë des enjeux de soin terrestre que de nouvelles communautés agissantes peuvent apporter à leurs territoires.
»
David Redon
membre du jury 2025 et Conseiller action culturelle et territoriale DRAC Nouvelle-Aquitaine

Qui sont les 10 lauréats ?

La Maison forte – Hydrologie régénérative : pour un paysage écrit par l’eau

Lot et Garonne

Ce projet s’inscrit dans le cadre du développement, sur le domaine du château de Monbalen, où est située La Maison forte, d’un projet culturel d’envergure dédié aux transitions écologiques, sociales, et culturelles. Il vise à mener une démarche de régénération des milieux aquatiques adaptée au territoire particulier des sources de la Masse d’Agen qui coule en bas du domaine. Pour cela, des artistes et des scientifiques vont travailler avec les habitants, les experts et les usagers en vue de visibiliser les différents enjeux et mieux les faire connaître : contamination, biodiversité, importance de l’eau, présence d’azote.

L’Avant-Scène Cognac – Activités (agri)culturelles en milieu charentais

Charente

Le projet consiste à aller à la rencontre des paysans et paysannes pratiquant une agriculture respectueuse des cycles de l’eau et propice à sa préservation afin de recueillir leurs perceptions et leurs savoirs, empiriques et vernaculaires, pour les mettre en valeur et les partager sous des formes artistiques expérientielles. Il s’agit ainsi de mettre en débat et en partage des savoirs invisibilisés par l’agriculture industrielle, d’en montrer l’actualité et la pertinence pour faire face aux défis écologiques du XXIème siècle et ainsi faire changer les regards sur le rôle des petits producteurs et sur la manière dont leur lien sensible à la terre et à l’eau peut répondre aux urgences et attentes de la société. Le projet est organisé en 3 cycles avec chacun différents temps : un temps d’arpentage du territoire, un temps de compagnonnage et de recueil de témoignages , un temps de mise en forme et un temps de restitution publique.

C.A.M.P – Hériter de l’eau, Sonder nos décharges pour relationner avec l’invisible

Morbihan

Le projet constituera une déclinaison singulière du projet artistique et culturel de la Maison Germaine Tillion (résistante et ethnologue) qui est articulé autour de 3 axes : habiter les environnements vulnérables ; accueillir les altérités dans un lieu ouvert ; transmettre et partager les savoirs dans leur diversité. Ce projet prévoit de croiser deux actions : l’activation de l’outil scientifique « Trajectoire Eau et territoire », sorte de serious game, qui mobilise l’intelligence collective pour comprendre comment fonctionnent l’hydrosystème et le cycle de l’eau d’un bassin versant ; l’accueil en résidence de 3 artistes pendant 3 mois. L’ensemble du projet fera également l’objet d’une publication, le cahier dramaturgique, ainsi que d’un film documentaire.

ChoréACTIF – Les porteuses d’eau

Puy-de-Dôme

ChoréActif souhaite éveiller la conscience écologique et l’engagement des participants dans la gestion durable de l’eau. Le projet artistique Les Porteuses d’eau a pour but de contribuer à sensibiliser les bénéficiaires (scolaires, habitants, grand public) à la préservation de l’eau au travers de parcours de réappropriation des savoirs. L’association choisit de rappeler le lien entre le vivant, l’eau, et le rôle fondamental des porteuses d’eau dans les communautés. Pour cela, des actions de création médiation seront réalisées sur 3 ans, pour réhabiliter la dimension culturelle, poétique et émotionnelle de l’eau : réappropriation de récits, de mythes et d’histoires locales, explorations sensorielles et artistiques. Le projet s’appuiera sur les associations locales, les habitants et les chercheurs pour enrichir cette démarche collective et sensible.

GRAOU – Atlas des écologies invisibles

Guyane

À travers l’étude dessinée d’une diversité de jardins guyanais sur plusieurs quartiers de Cayenne, le projet Atlas des écologies invisibles vise à révéler une culture de l’eau forgée par l’expérience du risque, de l’abondance comme de la pénurie. Il permettra d’enregistrer des gestes de soin, des gestes agricoles, des techniques d’adaptation, des récits et pratiques spécifiques aux milieux humides et instables. Ce travail collectif, mené avec des habitants et habitantes, des scientifiques et des artistes, entend faire exister ces pratiques informelles et invisibilisées dans le débat sur l’adaptation climatique et la gestion des ressources.

Mairie d’Excideuil et Les Grandes Fenêtres – L’Eyraudie

Dordogne

Le projet appelé Eyraudie consiste en un parcours sensible et physique qui suit et révèle les rivières souterraines et le filon karstique. Le trajet de l’eau a été modélisé par l’équipe scientifique (dont l’hydrogéologue du BRGM – Service géologique national) et le SMBI – Syndicat Mixte du Bassin de l’Isle. L’idée du parcours est issue d’ateliers citoyens organisés par la Mairie d’Excideuil et co-porté par Les Grandes Fenêtres. Ce trajet sera matérialisé par des sculptures en roches karstiques issues de la falaise effondrée. A plus long terme, ce parcours, grâce à l’implication des habitants, des scientifiques, des artistes mais aussi des techniciens de la communauté de communes et du syndicat mixte, a pour vocation de préfigurer d’autres aménagements de la commune autour de l’eau en intégrant les habitants.

Atelier rural en Roya – Roya Open Sources

Alpes Maritimes

Le projet Roya Open Sources est un projet de coopération entre artistes du territoire, habitants, associations et chercheurs sur un territoire de montagne transfrontalier avec l’Italie, la vallée de la Roya. En 2020, cette dernière a subi la tempête Alex, causant des destructions exceptionnelles, un changement durable du lit du fleuve et de la cartographie des nombreuses sources. Des habitants ont perdu leur accès à l’eau et sont aujourd’hui menacés de pénurie. Une équipe scientifique interdisciplinaire étudie actuellement ces bouleversements, en prenant en compte la connaissance locale et populaire du patrimoine hydrique. Cette mise en relation est soutenue par les actions de création et de médiation sur l’eau menée par un collectif d’artistes vivant dans la vallée. Ce projet a pour objectif de renforcer la synergie naissante entre ces acteurs pour une montée en compétence collective qui donnera aux habitants la possibilité de s’engager dans la gestion de l’eau aux côtés des institutions. L’enjeu se joue à la fois sur la mobilisation citoyenne, la vulgarisation d’un savoir scientifique et sur la création artistique comme liant entre toutes les parties prenantes.

Des ricochets sur les pavés – La Vieille Mer

Seine-Saint Denis

Porté par Des Ricochets sur les pavés, structure spécialisée en urbanisme culturel, dotée de plusieurs expériences autour de l’eau considérée comme un « bien commun », le projet vise à accompagner le chantier et la renaturation de la Vieille Mer, inscrits dans le cadre d’une politique volontariste du Département en vue de redonner à la Seine-Saint-Denis sa dimension de territoire d’eau. Régulièrement en résidence sur une période de 3 ans, la compagnie du LUIT (Laboratoire urbain d’intervention temporaire) s’attachera à co-concevoir des créations participatives, avec des habitants, en interaction avec une géographe chercheuse, spécialiste des petites rivières urbaines afin de permettre un « resurgissement poétique » de ce cours d’eau de 6 km aux abords de Saint-Denis, enterré depuis 60 ans.

Morula – Ch(e)aux must go on !

Jura

CH(E)AUX MUST GO ON ! est un laboratoire in situ associant scientifiques (hydrologues, pédologues, écologues, philosophes), artistes (danse, création sonore, performance), institutionnels (ONF, OFB, syndicats de gestion de l’eau), scolaires et citoyens pour : produire des “communautés d’attention” au vivant et à l’eau ; expérimenter des dispositifs mêlant création artistique, transmission scientifique, et participation ; aboutir à une restitution polymorphe : événements publics, éditions, podcasts, randonnées chorégraphiques etc… L’objectif est de transformer les représentations, favoriser l’éco-citoyenneté et accompagner la prise en charge effective locale des enjeux, au cœur de la forêt de Chaux.

FRAC Poitou-Charentes – Médecine Castor. Pour des alliances inter espèces face au chaos climatique

Région Nouvelle Aquitaine

Le projet porté par le FRAC Poitou-Charentes et ses partenaires se propose de contribuer à la réflexion et à l’impulsion de changements structurants pour mieux protéger les rivières et régénérer la biodiversité, via des « barrages mimétiques castors ». Il s’agit d’impulser des chantiers participatifs visant à restaurer les rivières en s’inspirant des techniques utilisées par les castors. Des chantiers seront réalisés dans le cadre d’une démarche locale, associant autant que possible, toutes les parties prenantes de la gestion et des usages de l’eau. L’objectif premier des chantiers est de restaurer les lits des rivières, et ainsi de créer des zones de régénération de la biodiversité. Activités réalisées : chantiers participatifs pour créer des zones de barrages selon les savoir-faire des castors, médiations scientifiques et artistiques, créations et diffusion d’œuvres d’art contemporain et de parcours artistiques, production de connaissances scientifiques, diffusion des résultats du projet lors d’évènements et de rencontres.

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