Pour la 3ème édition de l’appel à projets Nourrir l’avenir, 11 projets prometteurs et innovants ont été sélectionnés pour accélérer la transition vers une alimentation durable. Un accompagnement CARTAE est proposé à 4 projets collectifs supplémentaires afin de consolider leur fonctionnement. Dans un contexte de crise et d’inflation, notre jury d’experts bénévoles a particulièrement salué les expérimentations territoriales pour lutter contre la précarité alimentaire. Tour d’horizon de ces solutions émergentes amenées à changer nos manières de produire, de transformer et de consommer, avec des nouvelles des anciens lauréats !
Des solutions en rupture
L’urgence de la transition nous incite à davantage anticiper les enjeux de demain, à soutenir la créativité et des solutions en rupture avec celles que nous connaissons. En complémentarité des actions développées et essaimées par la Fondation dans le cadre de ses différents programmes, cet appel « Nourrir l’avenir » invitait celles et ceux qui osent regarder et construire le monde autrement à candidater, qu’ils travaillent au sein de la société civile ou d’entreprises.
Installation de nouveaux agriculteurs, dépollution des sols, agriculture insulaire, biodéchets, pêche artisanale, … 11 projets sont soutenus à hauteur de 450 KE pour cette 3ème année de Nourrir l’avenir. Avec le Covid et le Plan de relance dédié, les enjeux de justice sociale et d’accès à l’alimentation sont revenus au premier plan des préoccupations. C’est le cas notamment de la sécurité sociale alimentaire, abordée par 2 lauréats. « Nous suivons et accompagnons depuis longtemps la société civile qui réfléchit et promeut une sécurité sociale de l’alimentation, comme Ingénieurs sans Frontières – Agrista qui a initié un collectif » souligne Guilhem Soutou, Responsable Alimentation Durable France. « Deux des projets lauréats cette année l’expérimentent et évaluent sa mise en place, selon différentes modalités, à Montpellier et Toulouse. »
Les projets lauréats (hors accompagnement CARTAE)
Vrac & Cocinas
La sécurité sociale alimentaire (SSA) offre la perspective d’un accès digne de tous à une alimentions durable. Dans le cadre de Territoires à vivres, Vrac et Cocinas expérimentent la SSA à Montpellier en s’appuyant une assemblée citoyenne en co-responsabilité avec les pouvoirs publics. Une caisse alimentaire commune abondée en monnaie locale sera redistribuée à 200 ménages en précarité et utilisable dans un circuit de distribution conventionné pour l’achat de produits alimentaires solidaires et de qualité.
Cocagne Alimen’Terre
Dans deux quartiers prioritaires de Toulouse dépourvus d’une offre alimentaire de qualité, Cocagne Alimen’Terre mène une expérimentation de sécurité sociale alimentaire auprès de 200 familles : elle s’appuie sur une caisse solidaire financée en partie par les citoyens et un approvisionnement en paniers solidaires du jardin de Cocagne.
GESRA
Pour donner accès à tous à une alimentation de qualité et en baisser le coût, le Groupement des Epiceries Sociales et Solidaires en Rhône-Alpes – Auvergne (GESRA) coordonne une gouvernance partagée avec des producteurs, des associations issues de l’aide alimentaire et un collectif de tiers financeurs (citoyen, privé et public). Il centralise une plateforme logistique mutualisée et des bureaux communs au réseau pour créer des économies d’échelle et faciliter les coopérations.
Secours Populaire 63
Dans le cadre du projet Territoire Zéro Chômeur de Clermont Ferrand, SPF 63 monte une entreprise à but d’emploi visant à embaucher en CDI des personnes en insertion et développer une activité de maraichage bio, qui permettra d’approvisionner et multiplier les marchés pop’solidaires. Lancés à la fin du 1er confinement, ils ont permis à des milliers de foyers précaires d’accéder à des produits frais, locaux et de qualité, contre une participation financière symbolique.
La Jardinière
Les nouveaux agriculteurs, non issus du milieu agricole, peinent à s’installer. Ils se heurtent à la difficulté de trouver du foncier, aux investissements de départ, à la pénibilité du travail, à l’isolement social … En Rhône-Alpes, La Jardinière propose de soutenir les collectifs de production agricole : elle construit un parcours d’accompagnement dédié aux projets collectifs, facilite leur installation et anime une communauté de collectifs.
CPIE Belle-Ile-en-Mer
Afin de favoriser le développement et le maintien de l’agriculture sur Belle-Île-en-mer, le CPIE (Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement) souhaite mettre en place une concertation de tous les usagers du territoire afin de mener des actions concrètes de gestion partagée de la faune sauvage. Cette approche méthodologique fera partie d’un échange collaboratif avec les autres îles du réseau RAIA (Réseau Agricole des Iles Atlantiques).
Les Anges Gardins
Dans le bassin minier des Hauts de France, marqué par une production agricole très intensive, la pollution des terres limite les perspectives agricoles. Les Anges Gardins, structure d’insertion située à Loos-en-Gohelle, propose l’instauration d’une Régie de services écologiques pour dépolluer les sols sur 2 sites pilotes (14ha), installer des agriculteurs, régénérer les sols et leur biodiversité.
A table citoyens
La transition agroécologique et alimentaire est à l’œuvre dans beaucoup de secteurs. Ceux de la transformation et de la production culinaire, eux, peinent à évoluer. Dans une logique d’incubation et de transmission de savoir-faires, A table citoyens, créateur de Baluchon, lance Thermostat : un espace dédié aux entrepreneurs leurs permettant d’avoir accès à des outils logistiques et de production, prestations à façon, livraisons mutualisées, ainsi qu’à des formations et de l’échange entre pairs.
INRAE
La transition agroécologique nécessite d’adopter une approche coopérative avec le vivant. L’INRAE étudie les modalités d’éducation au sensible en biodynamie, à partir des formations proposées par le Mouvement d’Agriculture Biodynamique puis accompagne l’enseignement agricole et la recherche agroécologique pour y renforcer cette approche sensible.
Terres Citoyennes Albigeoises
Le métabolisme des villes concentre dans leurs biodéchets les éléments nutritifs nécessaires à l’agriculture. Terres Citoyennes Albigeoises teste un circuit de valorisation des biodéchets de la restauration collective albigeoise en les transportant et les compostant directement dans les fermes maraîchères autour de la ville, sans plateforme centralisée et en accompagnant les maraichers.
Pleine Mer
La pêche artisanale offre un éventail de techniques respectueuses de la biodiversité marine. Face à l’industrialisation du métier, cette pêche est en voie de disparition. Pleine mer crée « Mer de lien », un système de financement basé sur l’épargne citoyenne, qui permettra de soutenir l’installation de pêcheurs artisans pratiquant des techniques de pêche durables.
Un accompagnement spécifique proposé à 4 projets
Parmi la centaine de propositions reçues et examinées, 4 autres projets ont été repérés par le jury pour un accompagnement spécifique via notre offre CARTAE. Gouvernance, modèle économique, diagnostic territorial, vision stratégique à long terme, traitement des données, positionnement concurrentiel… sont quelques-uns des sujets qui seront approfondis par des experts missionnés auprès des lauréats afin de consolider leur fonctionnement. Ainsi, le Mouvement pour l’économie solidaire Occitanie sera accompagné pour son étude de faisabilité des Marchés Suspendus, système solidaire entre les détaillants, producteurs, consommateurs des marchés de plein vent et personnes précarisées afin de permettre un apport de paniers de fruits et légumes frais de bonne qualité.
Parmi ces projets, 2 sont issus du processus d’intelligence collective initié lors des dernières Rencontres de l’Alimentation Durable (2021) durant lesquelles des participants de la société civile, des collectivités locales et du monde de l’entreprise, étaient réunis pour faire émerger des idées de projets collectifs afin de répondre à des besoins prégnants et non couverts. En effet, face aux enjeux complexes et multiformes de la transition agroécologique et alimentaire, les propositions singulières et sectorielles ne suffisent plus. « L’écosystème de l’agriculture et de l’alimentation fonctionne encore en silo, avec des acteurs très dynamiques et innovants mais spécialisés. Dans l’objectif de changement systémique poursuivi par la Fondation, nous encourageons les organisations à partager leurs connaissances et pratiques et construire des projets en commun afin de renforcer leur impact » explique Guilhem Soutou, Responsable Alimentation Durable France.
Que sont-ils devenus ?
Depuis le lancement de l’appel à projets Nourrir l’avenir, 44 projets ont été soutenus, accompagnés et mis en réseau. Cette 3ème édition est l’occasion de donner des nouvelles de deux lauréats 2019 qui ont parcouru du chemin depuis.
Justice Pesticides : Un outil d’information et de coopération des victimes des pesticides grâce à une base de données juridiques permettant d’agir
Les pesticides font l’objet de questionnements scientifiques et sociaux grandissant, se traduisant par une multiplication des affaires juridiques. Justice Pesticides a créé un recensement de toutes ces actions en justice et de leurs résultats. Cette base de données internationale unique et gratuite permet d’alimenter les débats judiciaires et sociétaux en données documentées. L’objectif de l’association est de permettre de mieux défendre les personnes victimes de pesticides, quels que soient leur nationalité ou leur statut (voisins, agriculteurs, collectivités locales, scientifiques, etc.).
Ma bouteille s’appelle « Reviens » / Locaverre
La gestion des déchets est devenue très préoccupante et invite à revoir nos usages. Avec 2,3 millions de tonnes par an, le verre représente 49,6% du poids total des déchets ménagers en France ! En Drôme-Ardèche, Locaverre a mis en place un système de consigne de bouteilles entre 80 producteurs. Cette mutualisation permet de faciliter la logistique de récupération-lavage-redistribution des bouteilles et de réaliser des économies d’échelle. La consigne c’est 75% d’énergie, 33% d’eau et 79% d’émission de gaz à effet de serre en moins par rapport au recyclage*.
* chiffres issus de l’étude cabinet Deroche 2009, étude ADEME 2012.
Photos : Instagram « mes_occitanie »
