Le « Prix Artiste citoyen engagé » remis par la Fondation de France, récompense des artistes qui s’engagent, en France comme en Espagne, en tant que citoyens pour transformer les modèles établis avec des actions remarquables face aux défis sociétaux.
Neïl Beloufa : Un atelier ouvert aux jeunes en difficulté
Neïl Beloufa est un jeune artiste plasticien et réalisateur franco-algérien, qui vit et travaille en région parisienne. Le plasticien a conquis le monde de l’art avec des œuvres qui mettent en scène la violence et la perversion du capitalisme : l’argent, la guerre, la surveillance… un système qu’il dénonce à la manière d’un observateur qui révèle l’envers du décor. Ses installations intègrent des rebuts de la société de consommation, tandis que ses vidéos prennent la forme de jeux de rôle dans des pastiches de western, sitcom ou science- fiction. Pour Neïl Beloufa, si l’on continue de croire que l’art a un pouvoir de transformation sur la société, l’évolution naturelle d’une carrière d’artiste le pousse le plus souvent dans une direction radicalement opposée. Les artistes s’adressent à un public limité, avec des discours et des préoccupations qui peuvent facilement s’éloigner de ce qui intéresse et préoccupe la société dans sa globalité. C’est pourquoi régulièrement et depuis plusieurs années, Neïl Beloufa s’implique en donnant une fonction sociale à sa pratique à travers notamment, des collaborations avec des jeunes en difficulté de Seine-Saint-Denis.
Patrick Bouchain : L’architecture comme relation / Permis de faire
Architecte, urbaniste, maître d’œuvre et scénographe français, Patrick Bouchain a pratiqué avec l’agence Construire, qu’il a fondée en 1986, une architecture HQH pour Haute Qualité Humaine. C’est un pionnier du réaménagement de lieux industriels en espaces culturels (le Lieu unique à Nantes, la Condition publique à Roubaix, le Channel à Calais, la Friche la Belle de Mai à Marseille…). À Boulogne-sur-Mer, Tourcoing… il sauve des maisons de la démolition lors d’opérations de réhabilitation. Militant d’une méthode collaborative avec les habitants, ouvriers, architectes, permettant de définir une action collective, il reçoit en 2019 le Grand prix de l’urbanisme. Cet « urbaniste inattendu » cultive le « faire ensemble » et le « faire autrement » en se mettant au service de l’humain, plus encore lorsqu’il s’agit des quartiers populaires. Ses chantiers concernant l’habitat partent des besoins, de la culture et des pratiques des habitants, qu’il associe au travail de conception, voire de réalisation.
Santiago Cirugeda : Recetas Urbanas
Né à Séville en 1971, Santiago Cirugeda est connu comme un « architecte social ». Pendant 7 ans, il développe en solo des sujets tels que l’architecture éphémère, les stratégies d’occupation et d’intervention urbaine, l’incorporation de prothèses à des bâtiments existants, la participation des citoyens dans les processus de prises de décisions. En 2003, il décide d’articuler son travail autour du collectif Recetas Urbanas (Recettes Urbaines) au sein duquel il établit de nouveaux protocoles pour des projets publics, négociés entre la légalité et l’illégalité. Le travail de Recetas Urbanas se caractérise par une expérimentation continue utilisant la ville comme un laboratoire et un espace pour la résolution des conflits, comme c’est le cas pour la construction du centre social et communautaire du quartier de Cañada Real, à Madrid.
Julio Jara : Pour et avec les sans-abris
Artiste nomade, étranger à toute école et discipline, Julio Jara consacre sa vie à rendre visible et à accompagner les plus vulnérables. Mêlant engagement éthique et esthétique, il vit et développe depuis plusieurs années ses projets au sein d’un foyer de personnes sans-abri en impliquant des artistes, institutions, médiateurs et citoyens. Il se définit lui-même parfois comme un « quasi artiste », ayant toujours besoin du spectateur pour terminer son œuvre. Sa démarche peut s’entendre comme une incitation à transgresser les frontières de l’art ou à bousculer les espaces d’exposition, mais surtout comme des exercices qui visent à donner le pouvoir au spectateur, face à une démystification du rôle sacré de l’artiste.
Cristina Pato : Relier les cultures et les disciplines grâce à la musique
Joueuse de cornemuse, pianiste classique, écrivaine et éducatrice passionnée, Cristina Pato se consacre à l’enseignement et à la performance en explorant le rôle des arts et des sciences dans la société. Artiste au profil musical hybride, engagée dans des projets éducatifs et sociaux, Cristina Pato est reconnue tant par le monde académique que musical. Son parcours associe formation classique et expérimentations autour de la musique traditionnelle galicienne, du jazz et de la musique contemporaine. Connecter des cultures et des réalités diverses par le biais des arts et de la musique, tout en mettant l’accent sur le « edge effect » ou la créativité issue de la mise en relation de deux écosystèmes différents : tels sont la mission et le travail dans lequel se reconnaît cette artiste espagnole partageant son temps entre New York et sa Galice natale.